12
– Ça va ?
Stavver la lâcha et recula en l’examinant d’un œil inquiet, fronçant les sourcils parce que la lune s’était couchée et que seules les étoiles éclairaient le coteau rocheux.
– Assez bien, mais je suis heureuse de te revoir, Miks.
– Ils t’ont fait du mal ?
– Un peu. Mais je suis plus écœurée que blessée. (Elle frémit un peu et se rapprocha de lui, lui tendant les bras.) Quelle tuerie !
– C’est fini, Lee. (Il la serra doucement contre sa poitrine.)
– Pour moi. Pour toi. (Elle sentit son cœur battre très fort contre son oreille.)
Il bougea et s’écarta d’elle.
– Maissa ?
– Dans la caravane. Elle dort.
– Elle est saine d’esprit ?
– Je ne sais pas. J’ai essayé de tout lui faire oublier. J’ignore si j’ai réussi.
– Ça s’est mal passé ? (Ses pieds produisirent un raclement sur la roche.) Elle a été violée ?
– Oui. (Aleytys fouilla son visage.) Tu ne me l’as pas demandé. Non. (Elle tendit la main comme il revenait vers elle.) Ne t’en donne pas la peine. Oui. Le maître m’a prise. Phaa ! Je ne me sentirai plus propre tant que je n’aurai pas mariné pendant un mois dans un bain brûlant. Jamais personne ne m’avait traitée ainsi… As-tu jamais utilisé une femme, Miks ? Utilisé. C’est le seul mot qui convienne. As-tu jamais utilisé une femme, te fichant complètement de ce qu’elle ressentait ou ne ressentait pas, ne désirant nullement qu’elle soit une personne mais une commodité, qu’elle te fasse comprendre qu’elle était un être humain avec des droits, ne la désirant que d’une seule et unique manière ?
Il eut un rire sec, son visage dans l’obscurité prenant un aspect cruel et indifférent qui la troubla.
– Cela arrive.
– Eh bien, Madar soit louée, cela ne m’était jamais arrivé auparavant et, si je peux avoir mon mot à dire, cela ne se reproduira jamais plus.
– Tu n’as donc pas apprécié cette copulation. Voilà qui m’étonne.
– Ne me parle pas ainsi ! (Elle se raidit, soudain furieuse.) Si tu dois laisser la jalousie conduire ta langue, Miks, garde cela pour les occasions où elle sera justifiée.
– Jalousie ! Tu te flattes !
– Espèce de… (Soudain incapable de poursuivre, Aleytys gravit en voltige les marches arrière de la caravane.) Je suis épuisée. Occupe-toi des chevaux.
Elle feignit d’ignorer son exclamation de colère, franchit le rideau et s’écroula sur l’une des couchettes.
– Huhn ! (Elle abattit brutalement son poing sur le matelas.) Salaud !
Sharl s’agita dans son couffin et hurla sa faim. La colère la quitta aussitôt. Elle le porta à son sein et resta rêveuse tandis qu’il tétait. Lorsqu’il eut terminé, elle le borda dans son tiroir. Elle s’étendit alors sur la couchette, se sentant lasse, consciente sans vraiment les écouter des bruits qui l’entouraient.
Lorsque Stavver entra dans la caravane, elle était presque endormie. Elle le sentit se pencher sur elle.
– Lee, je suis un idiot.
Elle cligna des paupières pesantes et lui sourit d’un air somnolent.
– Oui, tout à fait.
– Je ne voulais pas admettre que quelqu’un pût avoir autant de prise sur moi.
– Je sais.
– Est-ce que ça a été si désagréable ?
– Mmmm. (Elle se débattit pour ne pas se réveiller vraiment.) Je ne veux pas m’en souvenir…
– Lee… (Ses mains lui touchèrent légèrement le visage, descendirent, s’emparèrent de ses seins.) Es-tu trop fatiguée ? Nous pourrions recréer un bon souvenir.
Aleytys sentit la chaleur l’envahir. Elle prit ses mains et les porta à ses lèvres.
– Je ne suis pas trop fatiguée.